Faune et flore de l’estran au sud de l’ile Verte
L’estran, appelé aussi localement batture ou même Kiskotuk, est la zone du littoral battue par les marées. Comme celles-ci n’ont pas toujours la même amplitude, certaines zones seront émergées ou submergées plus ou moins longtemps.
En 2015, grâce à un don fait par J. Paul Deschênes, le Regroupement est devenu propriétaire d’un premier terrain au sud de l’ile Verte et directement en face des battures, le lot 5 351 773. En même temps, J. Paul Deschênes a accordé une servitude de conservation perpétuelle sur un terrain voisin, le lot 5 350 866 (globalement, le secteur Deschênes).
Ces dons ont marqué le début de projets qui se sont échelonnés sur huit années. En 2021, Anne Lapierre et Bruno Chouinard ont accepté de céder le lot 5 351 025 au Regroupement (secteur Chouinard-Lapierre). Ce terrain avoisinait le Parc du portage, un terrain conservé par la municipalité de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs.
Il ne restait plus pour le Regroupement que de devenir propriétaire d’un dernier terrain, le lot 5 351 026 (secteur Dugal), pour qu’une bande de terrain de presque un kilomètre le long des battures puisse être protégée. En 2023, grâce à la générosité de Madeleine Dugal-Deschênes, cette dernière étape a été franchie.
Cette bande de terrains est située en face de la réserve nationale de faune de la baie de L’Isle-Verte (un site RAMSAR), du refuge d’oiseaux migrateurs de L’Isle-Verte et du parc côtier Kiskotuk. Les battures comprennent un important herbier de zostère marine (Zostera marina) et le tout est à la base d’un écosystème fragile d’une très grande importance.
Les explications suivantes permettent de bien comprendre le rôle clé joué par cet écosystème.
Le littoral se divise en 3 zones :
Le supralittoral
Le médiolittoral
L'infralittoral
Un écosystème fragile
L’estran est une zone extrêmement importante pour la biodiversité, car elle offre sur une surface relativement restreinte, des conditions particulières qui favorisent l’établissement de «frontières» (écotones) entre les divers étages du littoral, ces écotones sont des zones particulièrement favorables au développement des espèces. Pour s’en convaincre on n’a qu’à regarder la frange de terrain qui se trouve en bordure d’une forêt et d’une prairie.
En plus, le fait d’être régulièrement recouverte et découverte par la mer en renouvelle l’oxygène, et y apporte de nombreux nutriments qui seront exploités tant par les végétaux à la base de la chaîne alimentaire que par les divers consommateurs qui font partie de cette chaîne. La présence d’une végétation souvent dense et variée, de sédiments meubles et de rochers dont les anfractuosités sont multiples va offrir des abris nombreux et différents, qui favoriseront l’établissement de communautés riches et variées. C’est aussi un milieu fragile qui peut se dégrader rapidement si on ne le protège pas adéquatement.
Examinons les facteurs anthropiques qui affecte les battures de l’ile Verte et de la rive sud
Côtes basses, marécageuses
Ces côtes sont celles qui sont le plus préoccupantes, car ce sont celles où le va et vient des marées couvre et découvre le maximum de terrain. Ces côtes sont particulièrement vulnérables car faciles d’accès et constituées de terrains fertiles. La tentation est donc grande pour les cultivateurs dont les terres y aboutissent de construire des digues ou aboiteaux pour assécher ces marécages, et quand le sol a perdu sa salinité, de les cultiver… C’est une pratique regrettable car les marais salés abritent une faune et une flore très diversifiées, qui utilisent ces endroits pour se nourrir et surtout s’y reproduire. Cette pratique, soit la construction d’aboiteaux, est visible sur la rive sud, mais non pas à l’ile Verte.
Tourisme spécialisé, piétinement, dérangements
En général, l’estran est un lieu de nidification, de nourriture et de repos pour de nombreux oiseaux. Il peut donc y avoir une circulation importante d’ornithologues amateurs se livrant à leur activité favorite, ou de tourisme écologique. Dans le cas où aucun aménagement n’est prévu pour les déplacements, il faudrait rester sur la périphérie de ces zones. Les visiteurs qui ne prendraient pas les précautions nécessaires, en piétinant sans précautions le milieu pourraient, si les zones sont facilement accessibles et la circulation intense, l’endommager, sans mauvaises intentions, de façon irréversible. C’est la raison pour laquelle nous encourageons les visiteurs à demeurer sur la partie rocheuse du rivage et sur les sentiers balisés.